L’abbé Jules Chaperon qui fit de nombreuses recherches sur les origines du village publia en 1934 une petite brochure qui contenait des informations des plus intéressantes tant d’un aspect historique que dans un intérêt touristique. On découvre également que les villages de La Martre, Châteauvieux et Brenon sont dotés d’un tissu associatif, mis en place et coordonné par l’abbé, qui avait un caractère avant-gardiste étonnant (mise en place vers 1910). Nous reviendrons dans de futurs articles et en détail sur cet aspect du développement du haut pays varois.
Revenons au descriptif paru en 1934 dans la revue Azur de France.
« Le village de La Martre se trouve à six kilomètres du Logis du pin, on y arrive par une bonne route qui traverse le Plan de Finiel et longe la vallée de l’Artuby.
On peut aller visiter les sites suivants :
Le sommet du Lachens ( 1713 m ), Le plus merveilleux belvédère de Provence, d’où l’on découvre à l’œil nu toute la côte d’Azur de Vintimille à Toulon, 95 villes, bourgades ou villages du Var, des Basses-Alpes et des Alpes Maritimes. On distingue très bien, le matin avant la brume, les montagnes de Corse.
Les Gorges de l’Artuby. Gorges où l’eau tumultueuse bouillonne éclaboussant le roc usé par le temps.
La réalité laisse bien loin les images incolores et incomplètes que l’on peut écrire sur ces gorges. Voyez-vous cette fissure géante au milieu des rochers creusés en tunnels par laquelle se précipitent les eaux exaspérées du torrent ? C’est le Pont de Peiro, et, en-dessous, nous voilà au saut de Mossu de la Gardo ; c’est là que le 14 septembre 1812 le jeune Paulin de la Garde Figanière, follement épris d’une demoiselle de Pontevès en villégiature au château de Taulane, s’étant vu refuser tout espoir de mariage, vint mettre fin à son existence en se précipitant dans les abîmes de l’Artuby.
En foulant des plateaux de lavandes et des encorbellements remplis du parfum des fraises discrètes, on arrive à la Scierie de La Martre. Peu de paysages alpestres peuvent se comparer au « Gourgounau». L’eau jaillit entre les flancs des deux rochers abrupts qui mesurent plusieurs centaines de mètres de hauteur. Elle se précipite dans la gorge sombre au milieu d’une brume épaisse pour former un joli bassin.
Un peu plus loin l’ancienne route royale de Draguignan à Castellane passant par Bargème franchit l’Artuby sur l’arche audacieuse du Pont de Madame de La Martre, construit en 1735, aux frais d’Hélène d’Isnard, dame de La Martre.
A droite, sur une pente gazonnée, apparaît la millénaire église de Saint Blaise construite au XIe siècle par H. Arbetus qui a laissé son nom sur une pierre angulaire.
Plus haut, à la pointe d’une colline, émergeant dans les pins, les ruines mérovingiennes de l’antique Castellas de La Martre et de la basilique très vénérée au XIIème siècle, de N.-D. de Pierre Longue. Ces emplacements sont de nos jours sur des propriétés privées et donc inaccessibles.
Si nous nous avançons plus loin vers l’étranglement des gorges de Mauvasque, dans un paysage farouche où se cachèrent les prêtres réfractaires pendant la Terreur, nous arrivons à l’emplacement du puissant barrage qu’on doit établir bientôt ( ?) comme source de houille blanche. Ce barrage est compris dans le projet de loi sur l’utilisation des forces hydrauliques en France. (Projet de 1934).
Cette promenade s’achève en arrivant au Hameau du Plan d’Anelle.Ancienne paroisse, église Saint-Joseph, construite vers 1620, agglomération pittoresque de quelques vieilles maisons au bord d’une plaine circulaire, baignée par l’Artuby. C’est là que l’abbé Chaperon établit les premières colonies scolaires de vacances, en 1903.
Notre prochaine promenade nous mènera de Brenon au village de La Martre